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Écritures

6

Écriture n° 6 [1994]

(Sept poèmes de Renaud Camus)

 

D'ici étant

Que la trace

Ne lui revienne pas en blessure, voilà.

Il dit : je parle.

Il dirait : je marche.

J'ai marché. La terre

colle jaunâtre à mes bottes,

ou bien blanche.

Il aurait dit : je me tiens à la fenêtre.

Ou même : le front, la vitre.

Ces choses-là sont, elles ont été.

Qu'elles soient ma preuve.

Mais eux : qui parle de prouver ?

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D'ici étant, II

Quartier de temps sauvé prairie cours

d'eau lave d'oubli de

boue l'atteinte je

veux ne veux

pas sais ne sais

pas rompre

avec ce ciel-là

prisonnier du gazon

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Le verbe être

Son absence la nuit

Etait tout son sourire

Le matin.

Son prestige ?

N'avoir pas été là.

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Pour ne rien dire

       à Jean C.

Dire a tellement des lettres de rien

Le reste est un arc

Au seuil de la colère

Mieux vaut une lyre.

C'est vrai : dans cette ride

Entre se taire et le silence

La petite monnaie du néant.

Passage du rite.

Lier l'Italie ?

Laissez-moi rire.

Vous n'irez pas.

Lire n'est pas nier.

Tirer la langue,

Rimer à rien :

Que n'y mets-tu

Un peu du tien ?

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(Tricks en quatrain)

Rue de Paradis

On s'est quittés rue de Paradis

Il prenait un train pour Nancy

Je serai bien parti aussi

Mais je n'avais pas un radis.

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(Tricks en quatrain)

L'amour à

Bruniquel

Entre les chênes, à Bruniquel

Après l'amour nous usâmes

De feuilles pour laisser nos âmes

Et nos ventres nickel.

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D'ici étant, III

       (Larrazet)

La beauté tomba sur le pays

pendant l'après-midi d'un jour d'hiver.

Nul ne se souvenait de l'avoir vue plus tôt.

Personne ne crut qu'elle durerait.

Peu la remarquèrent.

C'était une beauté qui ne tenait qu'au ciel,

mais le ciel tandis qu'elle régna

dévora tout : les toits,

les gestes, les champs retournés, les fenêtres,

jusqu'aux paroles.

Le pays n'était plus que ciel.

Ciel entre les murs, ciel entre les phrases.

Les rues étaient les rues du ciel,

les pierres, une fantaisie de la lumière.

On croyait s'accouder à l'espace,

et l'espace était notre coude.

                                          Pourtant,

quand nous sommes repassés par ce pays,

la terre battue s'était vengée.

Elle avait regagné les visages.

Nous étions seuls dans le secret.

Camus, R. (1994). Poèmes. Écritures n° 6, 96-100.

écriture 7
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Écriture n° 7 (1995)

Le "journal" de Travers a été tenu quatre saisons durant, du 20 mars 1976 au 19 mars 1977. Il était destiné à constituer une sorte de "réservoir" de situations et surtout de "signifiants", comme on disait alors, pour un cycle romanesque en quatre volumes, Travers, dont deux volumes seulement sont parus à ce jour, et qui fait partie de l'ensemble plus large des Églogues.

Le "journal" de travers, qui occupe trente-cinq grands cahiers manuscrits, n'était pas destiné à la publication, et il n'a fait l'objet d'aucune rédaction à proprement parler. Les toutes premières pages, celles qui suivent ici, ont même été retranscrites sur le premier des cahiers à partir de notes prises pour ainsi dire "sur le motif", et consignées d'abord sur un petit carnet de poche. On s'est efforcé, pour cette publication en revue, de les rendre à peu près intelligibles, en particulier en supprimant les abréviations ; mais on n'a pas essayé de gommer, en en tirant de "vraies" phrases, leur caractère de simples annonciations, croquis, esquisses ou aide-mémoire.

Camus, R. (1995). Journal de Travers (Extraits). Écritures n° 7, 37-49.

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Écritures n° 10 (1998)

Etc.

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Quant à Marcheschi

Camus, R. (1998). Etc.. Écritures n° 10, 5-29.

Camus, R. (1998). Quant à Marcheschi. Écritures n° 10, 55-56.

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