top of page
Renaud Camus

La Baule

baule

télécharger l'édition originale

RENAUD CAMUS : "L'EFFONDREMENT DE LA TRANSMISSION EST LA CONDITION ABSOLUE DU CHANGEMENT DE CIVILISATION" [2013]

(Propos recueillis par Yannick Urrien)

Le pape Alexandre III avait posé la première pierre de la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1163. Huit siècles plus tard, un écrivain et historien d'extrême droite, Dominique Venner, a mis fin à ses jours en si tirant une balle dans la tête devant l'autel. C'est la première fois qu'un homme se suicide sur ces lieux sacrés. L'événement a été relayé dans le monde entier. Dans son dernier témoignage en forme de testament, Dominique Venner évoque l'Œuvre de Renaud camus en citant l'un de ses livres Le Grand Remplacement. Ce geste dramatique d'un homme, perpétré au cœur même de Notre-Dame, constitue un acte très symbolique et nous avons demandé à Renaud Camus de commenter ce fait majeur. Le célèbre écrivain publie son billet quotidien sur le site renaud-camus.net, site sur lequel il vend également ses ouvrages. Il était l'invité exceptionnel de Yannick Urrien, jeudi 23 mai 2013 sur Kernews 91.5 FM, pour évoquer cet événement et sa vision d'une France où dominent l'inculture, la méconnaissance de l'histoire et l'absence de réflexion. Un grand remplacement intellectuel, guidé par une société capitaliste où les hommes ne comptent plus...

La Baule + : Dans son testament et témoignage, l'historien Dominique Venner a cité l'une de vos œuvres en évoquant "le crime visant au remplacement de nos populations". Or, "le grand remplacement" est le titre de l'un de vos livres : comment avez-vous reçu ce message posthume de Dominique Venner ?

 

Renaud Camus : Je l'ai reçu avec beaucoup d'émotion, beaucoup de tristesse, beaucoup de respect et une certaine exaltation aussi. Ce geste tragique, et en même temps admirablement calculé, est un geste de désespoir qui s'inscrit dans la tradition des immolations de Prague jadis, ou des bonzes tibétains aujourd'hui, pour essayer d'alerter le peuple sur l'horreur de ce qui survient, qui est très expressément désigné par Dominique Venner : c'est-à-dire le changement de peuple et le changement de civilisation que cela implique nécessairement. 

Les commentaires émis sur les blogs et les sites maghrébins étaient respectueux à l'égard de Dominique Venner, beaucoup moins agressifs que ceux que l'on pouvait lire sur certains sites français... Mais ces commentaires dignes traduisaient aussi le sentiment du vainqueur, pour qui, "le grand remplacement" est désormais acquis...

 

Le vainqueur sait ce qu'il fait, il connaît ses positions. Notre espérance serait qu'il ne soit pas tout aussi vainqueur qu'il croit l'être. le geste de Dominique Venner est aussi un geste d'espérance contre l'hébétude dans laquelle nous sommes plongés. C'est un appel au réveil. Je trouve très intéressant le rapport qu'il a établi avec les manifestations contre le prétendu mariage pour tous. Nous somme exactement dans la même position à cet égard : le mariage pour tous est un indice et il s'étonne que cette question dérisoire, tout-à-fait secondaire, absurde, arrive à mobiliser le peuple, particulièrement les chrétiens. C'est une bonne chose, mais il se lamente de voir que ce même peuple, notamment les chrétiens, sont incapables de se mobiliser contre le changement de peuple. Le symptôme les affole et ils protestent contre ce symptôme, mais ils ne protestent pas du tout contre la chose même, c'est-à-dire le changement de civilisation. C'est une bonne chose de se mobiliser contre le symptôme mais, ce qui est désespérant, c'est de ne pas se mobiliser contre le mal.

Votre position sur le mariage pour tous peut-elle se résumer de la manière suivante ? Cela ne mérite ni l'excès de protestations et d'indignations émis à travers certaines déclarations, ni l'excès d'enthousiasme et de fausses émotions que l'on a connu à l'Assemblée nationale de la part de la majorité...

 

C'est tout-à-fait juste, c'est ma position. J'ai résumé mon point de vue en disant que je n'étais même pas contre ! C'est l'histoire du sexe des anges... Une civilisation menacée, qui est en train de mourir, se préoccupe d'une idiotie pareille qu'est le mariage pour tous...

L'Église catholique est universelle, elle ne s'occupe pas des races...

 

A propos de l'Église universelle, je pense toujours au mot terrible de Jaurès, lorsque l'Église a commencé à avoir une politique sociale : "L'Église a commencé à se préoccuper des pauvres quand elle a appris qu'ils allaient faire un gros héritage". C'était assez bien vu. On a un peu le même sentiment aujourd'hui. Les chrétiens de France doivent bien se rendre compte qu'aujourd'hui, l'Église n'a été associée à la France et à la patrie que quand elle a cru que c'était un pouvoir, une puissance, et elle se montre, à quelques notables exceptions qui sont admirables, fort indifférente au sort de la patrie et du peuple français. Ce ne sont pas ses affaires, si je puis dire... Elle est étonnement favorable au changement de peuple, à la grande substitution...

D'ailleurs, sur de nombreux sites maghrébins, les auteurs évoquent déjà l'abolition en France de la loi sur le mariage pour tous, d'ici à quelques décennies...

 

C'est le paradoxe incroyable de ce qui est en train de se passer. Quand la substitution sera accomplie, la loi sur le mariage pour tous sera abolie. Les vainqueurs supprimeront ce qui n'a été que l'indice de l'effondrement qui les a mis en place. Cet indice de l'effondrement d'une civilisation, lorsqu'ils seront au pouvoir, ils se garderont bien de le maintenir.

Votre dernier livre s'intitule "Les Inhéritiers", vous y évoquez l'égalité dans l'inculture...

 

C'est une conférence que j'avais donné à l'université d'Édimbourg qui a servi de noyau à cet ouvrage. Comme il s'agit d'un thème qui me tient profondément à cœur, j'ai développé ce sujet. Je pense que l'effondrement de l'héritage, la fin de la transmission, est absolument est nécessaire à l'accomplissement du changement de peuple. Comme je le répète incessamment, et sans doute à l'excès, qui connaît ses classiques ne se laisse pas mener sans rechigner dans les poubelles de l'histoire... L'effondrement de la transmission est la condition absolue du changement de civilisation.

Selon vous, l'abrutissement général est calculé...

 

Oui, l'industrie de l'hébétude, sous ses formes diverses, que ce soit l'effondrement du système éducatif, l'imbécilisation par le biais des médias, l'économie parallèle et le développement de la drogue, tout cela crée un homme décultivé, décivilisé et déraciné, qui est nécessaire aux intérêts industriels et financiers mondiaux. Cet homme remplaçable est nécessaire au triomphe de l'économie mondialisée. Elle a besoin de ce pion que rien ne rattache à rien et que l'on peut placer où l'on veut et délocaliser. Tout cela se tient profondément.

Vous avez lancé votre journal quotidien sur Internet, avec une possibilité de s'abonner à l'article, au mois ou à l'année. Quel bilan tirez-vous de cette initiative ?

 

La façon dont je vous les choses est différente, selon que l'on se place du point de vue pratique, éditorial ou économique... Je suis enchanté de ne plus avoir d'éditeur, c'est une chance de ne pas avoir à se demander à chaque ligne si cela va passer ou non... Je suis seul maître à bord et c'est une joie immense. Le dernier volume du journal publié par un éditeur vient de paraître chez Fayard, c'est le dernier, et la suite paraît quotidiennement pour les abonnés à mon site. Je vais certainement produire une édition sur papiers pour les récalcitrants, parce qu'il y a beaucoup de récalcitrants à la lecture en ligne parmi mes lecteurs. Mais le modèle économique n'est pas tout-à-fait au point ! Financièrement, c'est un désastre... La liberté se paie à un prix assez élevé, c'est bien connu. 

Camus, R. (2013). "L'effondrement de la transmission est la condition absolue du changement de civilisation", La Baule + n° 111, 14-15.

bottom of page